L'absence dure, il me faut la supporter. Je vais donc la manipuler : transformer la distorsion du temps en va et vient, produire du rythme, ouvrir la scène du langage.
Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux
L'écriture est toujours le point de départ. Une écriture qui met en avant la parole qui dit l’absence. Que ce soit dans mes films, installations, sculptures ou performances, je construis un récit simple centré sur l'observation du langage par antinomie.
C’est en observant le non-dit que j’interroge le discours. Ici le silence sera recherché comme une contre-parole, un contre-signe, qui devient lui-même un signe.
Depuis l’étude approfondie de l'enregistrement des cours sur "Le Neutre" de Roland Barthes(Collège de France 1977–1978), se dessine une expérimentation qui de plus en plus contourne le sens ou l'opposition. Qui déjoue le paradigme. L'être humain disparaît peu à peu pour éloigner l'objet ou l'image de l’observateur, pour accentuer la distance entre le sujet et son sens. Aller vers la suspension des données conflictuelles du discours et préférer une organisation glissant vers l'abstraction. Un effort de différence. Un ordre de la nuance. C'est une organisation sans opposition.
Car cette recherche du Neutre veut parler d'autre chose. Derrière cette traversée il y a peut-être une angoisse. Une angoisse quotidienne à vivre ou à affronter des conflits sensibles possibles.
Les univers qui s’en dégagent sont sobres de tensions, en minuscules variations anti-spectaculaires.
Bien qu'autonome, l'interaction des pièces, images ou traces de performances, formes de cut-up, produit un dialogue en camaïeu qui dévoile une certaine mélancolie. Qui invite l’observateur à s'infiltrer dans ces étroites ouvertures et à prendre ses propres chemins de traverse. Car il s'agit bien de l’étude d’un langage. Un langage qui nous permettrait peut-être de manipuler l’absence.
Double 4, 2016 2 Sources 4 MSR 575W on steel structure, variable dimensions, Installation view, Wiels, Brussels
Stack N°3, 2016, Ceramic, 37 cm
