Arts visuels

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Alice Pamuk

Alice Pamuk

°1982

alicepamuk(at)yahoo.fr

En portant son intérêt sur le phénomène de la transition sonore, Alice Pamuk choisit de mettre en évidence ce qui se doit d’être imperceptible pour le spectateur. Par abstraction de l’image et du sens narratif que la bande son illustre, l’artiste se concentre sur la spécificité technique qui permet de fusionner deux pistes différentes. Cette incursion dans le domaine du fond sonore amène l’artiste à développer une recherche portant sur les "sons pauvres", qui fait l’objet d’une définition méthodologique préalable. Le projet d’interface Haute Fidélité a pour point de départ l’observation audio du bruit des enregistreurs utilisés par les enquêteurs des films policiers des années 1970 et 1980, mettant au jour l’incidence de l’évolution technologique sur l’évolution de notre environnement sonore entre ces deux décennies. En se concentrant sur un son purement technologique, qui n’a pas d’impact émotionnel chez le spectateur ni d’autre rôle dans la narration que celui d’opérer comme signal de début d’un discours, Alice Pamuk tend vers un objet de recherche le plus neutre possible. En effet, sa finalité est d’arriver à séparer la cause du son (l’objet/le signifié) du résultat audible (le son/le signifiant) pour mieux cerner les propriétés d’un son fabriqué par l’homme. De là, sa méthode propose d’effectuer différents classements : soit en fonction de la source (différente selon le type de machine utilisée), soit en fonction du son obtenu, lui-même défini par une liste de qualificatifs non spécifiques à l’audition (étouffés, creux, vides, secs...). L’association d’un son alternativement à son signifiant et à son signifié agit de manière à en faire une entité abstraite, et démontre que notre perception dépend non seulement de la cause du son, mais aussi des conditions de sa réception.

Laurence Pen in l’art même #65, 2 ème trimestre 2015, p. 30 (extrait)

Haute fidélité, 2015

vue d'exposition, Bb15, Linz, Autriche