Arts visuels

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Clara Thomine

Clara Thomine

°1990 – Nancy – France

clara.thomine(at)gmail.com

www.clarathomine.com

Clara Thomine invente ou suscite des situations «presque normales». Mais pas tout à fait. Elle le fait dans des films, des performances, ou à travers des productions plastiques. Reporter de faux-semblants vraisemblables, fabricante ou manipulatrice d’objets qui-ne-sont-pas-à-leur-place, elle instille dans la réalité une part de fiction. Tout son travail consiste ensuite à effacer les traces de cette effraction, à brouiller les pistes, voire à nier avec beaucoup de candeur les contradictions qui pourraient apparaître.

Ainsi, elle nous entraîne dans la visite filmée d’un monde plus vrai que nature dans lequel, pourtant, les humains se révèlent étrangement figés. Ou bien, elle donne une conférence-performance, à propos d’une femme morte, il y a un siècle et qu’elle veut sortir de l’oubli avec l’aide de Wikipédia, de poupées russes et d’images fractales. A chaque fois, sa sincérité nous convainc autant qu’elle nous pose des questions.

C’est toujours la performance qui est le point de départ et le régime de création de ses films. Improvisant devant la caméra, elle a produit de nombreuses «chroniques imprévisibles», imprévisibles y compris pour elle-même, car, c’est, à chaque fois, la situation qui génère l’improvisation, qui elle-même modifie la situation. Coiffée d’une perruque qui est presque (encore une fois) semblable à sa propre chevelure, elle s’émerveille devant le ballet de moissonneuses batteuses en plein travail, dans un champ.

Ou bien elle pose, en robe blanche, avec le sourire ravi d’une enfant, devant tous les stands et les manèges d’une fête foraine.

A quoi nous invite-t-elle dans ces situations ? A la fois, à partager son enthousiasme au premier degré et, bien sûr, à chercher un second degré.

Mais elle fait en sorte que toutes les lectures puissent coexister. Et c’est bien la poursuite de cette ambiguïté -souvent jubilatoire- qui est le moteur véritable de son travail. Désormais, elle a élargi sa démarche plastique à d’autres médiums, créations d’objets et de sculptures.

Récemment, lors de sa première exposition personnelle, elle a présenté une pièce qui n’était autre qu’un distributeur automatique, création plastique en soi, mais proposant aux visiteurs, pour un euro, une boule en plastique contenant une reproduction en miniature d’une de ses sculptures.

Une «presque vraie» sculpture, en somme, et une manière de déplacer les lignes, en incluant dans l’exposition elle-même un de ses produits dérivés.

Depuis, elle a emmené l’artiste belge Marcel Broothaerts (mort en 1976) en voyage en Normandie, sous la forme d’un petit nounours, affublé d’un masque de l’artiste. Ils ont ainsi pu réaliser des films et des sculptures «ensemble», pour une exposition à Cherbourg. Elle a aussi raconté l’histoire d’un oiseau mort, au fond d’un jardin, en Roumanie.

Devant un stade vide, elle a encore tenté de lutter contre le néant, avec son imagination. Elle a continué ainsi à enrichir, élargir et documenter sa propre version de la réalité et à questionner, par la même occasion, la réalité... de la réalité.

 

La vraie vie, Vidéo - 7min 04 - Exposition personnelle à la galerie C-o-m-p-o-s-i-t-e (Bruxelles).