Arts visuels

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Vincen Beeckman

Vincen étale des petits paquets de photos couleur comme s’ils étaient des jeux de cartes. Contrairement à beaucoup de grands photographes, il est indifférent au seul fétichisme de la mise en forme du cliché photographique, à la quête des grands thèmes ou à l’emphase des effets de style. Son approche du médium photographique est aussi simple que cela : il collectionne des photos de la vie de tous les jours.

La collection d’images-in progress de Beeckman contient des photos habituelles de choses habituelles comme des portraits d’amis et de famille, des natures mortes, des détails du paysage urbain, des coins d’intérieurs, le chemin au travail, l’appareil de fitness, des autoportraits,…de tout. L’ensemble est clair et naturel et est de ce fait expérimenté comme formant une unité. Les simples instantanés sont d’une naïveté réfléchie. Ils s’adressent personnellement à celui qui les contemple, comme les photos de l’amateur qui met en image son propre univers dans l’album de famille.

Beeckman utilise son appareil pour documenter le monde dans lequel il vit au moment et à l’endroit où il en fait partie. L’inverse donc des prises de vue, distanciées et rapportant une réalité extérieure, qui sont à la mode dans la photographie contemporaine. Ses images sont implicites et il en fait ressortir sa propre perspective en relation avec son environnement, que ce soit les Marolles ou un endroit exotique au Vietnam.

L’interaction dynamique entre le photographe et la situation donnée caractérise aussi les interventions de Vincen Beeckman dans l’espace public. C’est ainsi qu’il a distribué des milliers de « fausses amendes » (les fausses amendes, 2004) derrière les essuie-glaces de voitures parquées dans les rues de Bruxelles. Il s’agissait de petits portfolios photographiques présentés comme une contravention.

Casting dans la station de métro Anneesens à Bruxelles, il invite plus de 300 habitants du quartier à réaliser ensemble une frise de portraits et de natures mortes de leurs « biens préférés ». Le photographe joue ici le rôle du médiateur qui permet à tout un quartier de s’approprier l’espace public. 

 

Claude et Lille, 2015

 

NY / The subway lights, 2016