Arts visuels

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Jérôme Giller

érôme Giller mène une réflexion artistique sur les territorialités urbaines et péri-urbaines qui s’élabore en utilisant la marche à pied comme méthode de création artistique et outil d’expérimentation physique des territoires.

Marcher en suivant des lignes d’erres (errance, dérive, marches sur des lignes cartographiques abstraites) permet à l’artiste de mettre le corps du marcheur au milieu de situations géographiques atypiques et de procéder ainsi à ce que Bertrand Charles nomme une « intellectualité physique » des formes de l’urbanité.

Dans le travail plastique de Jérôme Giller, le corps est l’unité de mesure à la fois sensible et métrique de l’espace. Placé dans les interstices des paysages, le corps du marcheur se meut en corps-arpenteur. Le corps mesure et prend la mesure des espaces qu’il parcoure. Il fait des tours et détours, développe une gestuelle singulière pour progresser dans le paysage. Il s’exerce à une forme de nomadisme. C’est dans ce sens que les marches qu’organise l’artiste doivent être comprises comme des actes performatifs à part entière.

Cet intérêt pour les gestes du corps se retrouve dans d’autres œuvres de l’artiste. C’est l’acte de marcher, le mouvement kinesthésique des pas qui est filmé dans la vidéo District 5. C’est le geste de déplacer qui est mis en perspective dans la série vidéo Déplacements. Celui de modeler/être modelé dans les photographies Anthropomorphoses et Des Corps Urbains. 

Le geste qui consiste à mouler (prendre l’empreinte) se retrouve dans la série des Tampons de ville. L’artiste gaufre du papier au contact des plaques de fonte qu’il trouve au cours de ses pérégrinations pour composer des carnets et des affiches qui s’apparentent à des carnets de voyage.

Si l’acte de création artistique primordiale se situe dans l’expérimentation physique de l’espace par l’action d’y marcher, l’artiste accorde une part importante de son activité à la création de documents qui permettent de relater les expériences vécues sur les territoires.

Ces documents ou archives, se composent des outils plastiques préparatifs aux itinéraires de marche, tels les Road-books qui servent à s’orienter dans le paysage, et de ceux crées soit au moment de l’expérience - enregistrements vidéo et photographiques, écrits sous forme de journal - soit au retour à l’atelier, comme le sont les cartes d’itinéraires parcourus. 

L’agencement de ces documents permet de porter un regard à la fois artistique sur les expériences de marche proposées par l’artiste et géographique sur les formes des territoires parcourus. Ils accordent une grande place au récit.

72 KM.F.B.C, marche sur la frontière de Bruxelles-Capitale, 30 mai - 7 juin 2015 (photographie d’archives)

Itinéraires, exposition personnelle Galerie Interface, 17 septembre - 29 octobre 2016, Dijon (vue générale de l’exposition)