Le dessin est une matière vivante. Lorsque je dessine, dans la répétition et l'accumulation du trait, la "matière" entre en vibration. Elle oscille. Les traits plus ou moins sûrs se répartissent dans l’espace de la feuille, parfois au hasard des éléments, puis soudain s’assemblent et se structurent. Une sorte de mémoire imparfaite des choses qui s’élabore en plusieurs temps, spontanée et intuitive tout en étant précise dans sa construction. Le dessin capture. Il est donc question de vitesse, d’instant, de durée. De lenteur aussi.
Il reste aujourd’hui au centre de mes recherches car c’est le processus évolutif auquel il recourt qui m’intéresse. L’ acte de dessiner est celui de l’expérience de la pensée et du regard. Il porte en lui les idées d’intervalle et de devenir. Ces statuts intermédiaires reflètent l’importance du processus, et à fortiori du temps. C’est à l’intérieur de celui-ci que je fais des choix. Si je dois résumer ma démarche : j’observe pour mieux com- prendre. Mes dessins proposent une vision de biais et mon approche reste intuitive. Je cherche à sonder ce qui m’entoure et me traverse. Il s’agit principalement d’espace et de matière : physique et mentale. C’est un tâtonnement en perpétuel mouvement à l’intérieur duquel je construis des zones d’écoutes, de sonorités et de textures. Fines, bruyantes, saturés, silencieuses.
Rupture, 2017, installation, encre sur papier, carton de conservation, bois, dimensions variables
Etat de la matière, 2014-2015, encore sur papier Fabriano 250 gr, 150 x 204 cm
