Eva L'Hoest poursuit avant tout l'exploration de la mémoire et de son infime et étrange réalité subsistante. Lenteur ou ralentis, bruits de fond imperceptibles ou infra-basses, travelling latéral ou zoom imperceptible : jamais convoqués en surabondance, chacun de ses choix nous plonge dans un état d’apesanteur, met le corps du spectateur en tension et joue sur le pouvoir hypnotique des images ou la force de surgissement de la lumière. Que ce soit au détour d'une lampe torche portée à bout de bras sur les récifs d’une île magmatique ou par un scanner 3D enregistrant les passagers endormis d'un avion long-courrier, ses dispositifs filmiques suscitent un questionnement sur la nature du corps, de l’action ou de l’objet filmé, dont le mystère n'est jamais que partiellement levé. Formes et figures se transforment chez elle en des manifestations à la fois désincarnées et anthropomorphes, et le goût pour le noir et la vision nocturne se partage entre le contexte de projection, la façon de travailler et le sujet représenté. Sensitives ou reflexives, ses propositions ont alors le don de mobiliser et de happer le corps du spectateur, de par sa cénesthésique, autant que dans sa perception par l’esprit. Emmanuel d’Autreppe
Under Automata, Full HD Son/couleur, 09:40:00, 2017
Paréidolia, Full HD Son/couleur, 10:34:00, 2015
