En puisant dans l’histoire collective du XXe siècle, je sonde dans mon travail deux problématiques principales:
• La production et transmission du savoir tacite (un désir de saisir et comprendre le monde par le biais du travail manuel et l’apprentissage empirique) et plus précisément le positionnement de l’artiste contemporain vis-à-vis de cela, qui semble en rupture avec un savoir-faire, occupant un rôle de manipulateur de savoir intangible.
• Le lien qu’entretient l’artiste avec la production et la re-production, la préservation et la destruction en utilisant le concept de la ‘copie’ en tant que motif et méthode (reproduction photographique, processus d’impression, images contact et moules, appropriation, répétition).
A travers plusieurs média incluant la photographie, la sculpture, le dessin, l’écriture et des publications, j’emploie des stratégies de mésusage et d’utilisation inapproprié d’outils, ce qui dote mes productions d’une qualité et forme domestique en accord avec leur fond. Il ne s’agit pas de ‘bien faire’, mais de faire avec conviction, de ‘faire croire’. Je porte un grand intérêt à ce que l’on pourrait appeler des ‘marques d’authenticité’ et comment ces ‘marques’ deviennent codifiés et sujet à une marchandisation à travers les siècles. Sans poser des dichotomies entre vrai/faux, authentique/inauthentique, je préfère entrer avec un regard et un toucher d’ingénue dans des systèmes de croyance.
Aujourd’hui nous voyons à quel point un idéalisme ‘hippie’ a donné naissance à une esthétique ‘yuppie’. Je ne critique pas ce glissement, mais tente plutôt de me saisir de l’enthousiasme des générations passées. Je choisis une conviction sentimentale plutôt qu’une ironie narquoise même en sachant que l’échec est inévitable.
Juggernaut, 2013
8mm 05'5"
under construction, 2015
22’42’’, transfert numérique à partir de VHS
