Arts visuels

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Jacques Vilet

° 1940 - Tournai

Plusieurs questions m'attachent passionnément à la photographie :

- La distinction entre l'objet réel et son image. L'idée n'a rien d'original. La photographie y est plus sensible que d'autres techniques de représentation par le fait de sa fallacieuse réputation de réalisme : dès son invention, elle est censée copier, voire dupliquer, le réel. Elle est donc sujette à une confusion du réel et de son image.

- La beauté de l'ordinaire, pour autant que ce mot de beauté ait un sens. J'ai l'impression que c'est une question de regard porté sur ce qui nous entoure. Il me suffit souvent de récolter ce qui est devant moi. Je ne cherche pas la mise en scène. Il est vrai que le photographe dispose fatalement d'un moyen aisé de sélection par le cadrage; de mise en forme par le choix d'une focale et d'une perspective ; d'un pouvoir d'harmonisation par la gamme des couleurs ou des tons de gris.

- La fixité de l'image photographique. Personnellement, elle me permet de trouver ce que je recherche : une contemplation plutôt qu'une narration. Je me sens plus proche du poète que du photojournaliste. Pour cela, j'aime trouver dans mes images une certaine profondeur, parfois matérialisée, par exemple, par un point de lumière, une ouverture quelconque… 

- Un certain silence, une certaine lenteur, tant à la prise de vue qu'à la production de l'image finale. C'est peut-être ce qui m'amène à utiliser souvent une chambre de grand format, où l'on recueille sous un voile noir le sujet apparu sur un verre dépoli illuminé. Jacques Vilet

 

Rügen-Le bord du jour, 1997

Nnye Nine, 2016