Lucie Lanzini cultive une sensibilité particulière aux souvenirs et à la mémoire. Son travail s’appuie sur un répertoire de signes, d’objets ‘’référents’’, en constante re-création. Son processus de création s’exprime autour de notions oscillant entre morcellement et lien, présence et absence, vide et plein. Reprenant des formes issues du réel, les œuvres de l’artiste révèlent une réalité cachée derrière l’apparence des choses. Elle part d’éléments: objets, animaux, mobilier, ornementation, détails d’architecture, pour les traiter de façon minimale tout en conservant des fragments rappelant la source d’origine. Le signifiant habituel s’en trouve contourné, l’artiste crée un décalage d’où surgit une étrangeté. L’ensemble de ses pièces peut être pensé comme un décor total, décor-monde de l’apprivoisé, du domestique, cher et intime. Ses objets moulés, ses objets-empreintes, dégagent, autant par leur nature que leur facture, quelque chose de précieux, de lisse, de suranné. Ils semblent être en équilibre sur un fil, vacillant entre une retenue respectueuse, épurée, silencieuse et le dévoilement de leur facticité, l’éclatement de leur vérité nue. Si le basculement avait lieu, il révélerait alors l’envers du décor, où la beauté fantasmée n’est que la réalité maquillée. Au-delà même des objets, Lucie Lanzini expose un présent ambigu, un présent évanescent, teinté des réminiscences de situations et d’attitudes admises, stéréotypées. Elle questionne ces situations de monstrations /démonstrations actualisant ainsi un passé en état de fuite, mais qui n’a pas encore été privé de cours, frustrant au passage le désir du spectateur, toujours déjà avorté.
Vue de l'exposition, Captives, MAAC, 2016
Mousse polyuréthane, pigments, verre, corde
Images © Hugard & Vanoverschelde
Entrelacs, 2016
Résine, édition de 10
Images © Hugard & Vanoverschelde
