Arts visuels

|

Biennale de Venise 2019 - Pavillon belge

Mention spéciale pour le pavillon belge décernée par le jury de la 58th International Art Exhibition of La Biennale di Venezia

Vue de l’exposition de Jos de Gruyter et Harald Thys, “Mondo Cane,” Pavillon belge, Biennale de Venise 2019. Courtesy et copyright des artistes et du Pavillon belge. Image: Nick Ash

 

À l’occasion de la 58e édition de l’Exposition internationale d’Art - La Biennale di Venezia, le pavillon belge accueille MONDO CANE, une exposition du duo d’artistes Jos de Gruyter et Harald Thys, et de la commissaire d’exposition Anne-Claire Schmitz. MONDO CANE a été sélectionné et annoncé en juillet 2018 par la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. MONDO CANE dresse le constat d’une société repliée sur elle-même, où la tradition est érigée en valeur refuge. 

L’EXPOSITION

MONDO CANE se présente comme un musée folklorique exposant la figure humaine. Ses habitants sont mutiques, blêmes et peureux. Les maigres activités qui s’y tiennent sont purement formelles et produisent des coquilles esthétisées, poussant le visiteur à percevoir ce qu’il s’y passe comme une curiosité décalée de la réalité contemporaine. L’exposition comprend une vingtaine de poupées dont la plupart sont automatisées, une série de grands dessins et des grilles d’acier clôturant les niches latérales du pavillon. Au centre du bâtiment se trouvent des artisans qui, fidèles à eux-mêmes, exercent leurs qualifications respectives. Des illustrations classiques représentant une nature silencieuse habillent aussi les murs du lieu. Sur les côtés se trouve un monde parallèle peuplé de voyous, zombies, poètes, psychotiques, fous et marginaux. Ces deux mondes existent dans le même espace, mais ne donnent pas l’impression d’une conscience réciproque. Ils ne se touchent pas. La ségrégation est claire. L’univers du pavillon quant à lui ne choque pas, il est lui-même en état de choc. Les gestes des poupées sont mécaniques et maladroits. Les sons et les mouvements s’alternent et sont activés par la présence du visiteur. L’espace est traversé par des chants, des cris plaintifs et du travail. Les têtes des poupées proviennent tant de personnages qui sont déjà apparus dans les œuvres de Jos de Gruyter et Harald Thys que de personnes ayant réellement existé. On y pénètre comme dans un monde émerveillé. Empli de beauté et de laideur. Selon la tradition ancestrale, le spectateur se laisse attirer par la promesse de voir de grandes choses à l’intérieur de l’exposition. « La visite vaudra le détour pour les grands et les petits ! ». Le pavillon apparait comme une réminiscence de l’Europe, tout en offrant une promenade incarnée proche d’une expérience touristique ou anthropologique.

Jos de Gruyter et Harald Thys sont habitués à distiller des fictions à partir d’une réalité parfois « trop réelle ». Tous les deux se disent volontiers attirés par l’état de psychose de la société actuelle, tout en redoutant et ventilant celui-ci à travers leurs créations. MONDO CANE s’inscrit pleinement dans cette filiation. Sans jamais tomber dans le cynisme ou la morale, les artistes parviennent avec habilité à transformer ce qui s’apparente à de la peur ou à un état de latence en quelque chose de volontaire, critique et dépassant le statu quo.

En parallèle de l’exposition prenant place au sein du pavillon belge, MONDO CANE s’articule également sur le site internet www.mondocane.net et à travers une publication. Ces deux espaces complémentaires offrent une compilation de pratiques culturelles ainsi que des faits divers et variés provenant du monde qui nous entoure.

A PROPOS DES ARTISTES ET DE LA COMMISSAIRE

Depuis plus de trente ans, Jos de Gruyter (°1965) et Harald Thys (°1966), exercent un travail d’une exigence et d’une persistance rares. Leur collaboration a donné naissance à un langage extrêmement singulier qui, au sein d’une culture visuelle contemporaine dense, se distingue par une tonalité, une insistance et une normalité déroutante. Ensemble, les deux artistes créent des films, dessins, peintures, photographies et sculptures dans lesquels existent des personnages, des objets et des espaces à la fois ultra-identifiables et non autoritaires. Parmi les nombreuses expositions institutionnelles des artistes, citons Konkurs Eksperten à la Kunsthal Aarhus (2018); White Suprematism à Portikus Francfort et au CAC Vilnius (2016) ; Im Reich der Sonnenfinsternis au MCA Chicago; Fine Arts au MOMA PS1 New York; Die Schmutzigen Puppen von Pommern à The Power Station Dallas et Tram 3 au CCA Wattis San Francisco (2015); Das Wunder des Lebens à la Kunsthalle Wien (2014) ; Optimundus au M HKA Anvers (2013); Projekt 13 à la Kunsthalle Basel (2010). Les artistes ont participé à la 55e Biennale de Venise (2013) et à la 5e Biennale de Berlin (2008).

La commissaire d’exposition Anne-Claire Schmitz (°1981) est la directrice et la commissaire de La Loge, un espace dédié à l’art contemporain, l’architecture et la théorie basé à Bruxelles. En parallèle de son travail à La Loge, elle a assuré le commissariat d’expositions telles que Les Bons Sentiments le 19e Prix de la Fondation d’entreprise Ricard, Paris (2017), Individual Stories – Collecting as portrait and methodology à la Kunsthalle Wien (2015), et Un-Scene II au WIELS, Bruxelles (2012). Avant son travail à La Loge, Anne-Claire Schmitz était commissaire d’exposition au Witte de With, Centre d’art contemporain à Rotterdam.

Sa collaboration avec Jos de Gruyter & Harald Thys pour le pavillon belge de la 58ème Exposition Internationale d’Art – La Biennale di Venezia (2019) incarne la synergie culturelle du pays et la vivacité de sa scène artistique. Les trois partagent une amitié, des échanges et un engagement commun au sein du champ culturel belge caractérisé par une pratique de terrain loin de toute distinction administrative. C’est suite à l’appel d’offre lancé par la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles qu’Anne-Claire Schmitz proposa aux artistes de réaliser ensemble un projet représentant la Belgique à la 58e biennale de Venise.

LA PUBLICATION MONDO CANE - Fonds Mercator - Mercatorfonds, Bruxelles 

La publication MONDO CANE se présente comme une compilation d’articles relatant des pratiques culturelles et divers faits et événements à propos du monde qui nous entoure. Chaque article comprend un texte descriptif et une ou plusieurs illustrations. Les textes proviennent de Wikipédia et paraissent de manière aléatoire en allemand, anglais, français, italien et néerlandais. Richement illustré, le livre contient une centaine de dessins réalisés par les artistes. Le ton adopté pour les articles et les dessins est informatif, peu spectaculaire et méthodique.

LE SITE INTERNET MONDO CANE

Réalisé par les artistes à l’occasion de l’exposition éponyme, www.mondocane.net, est un espace et une application à part entière du projet. Le site offre une navigation cadrée et aléatoire à travers une centaine de vidéos YouTube sélectionnées par les artistes. 

Du 11 mai au 24 novembre

Giardini