On peut décrire le travail de Jérôme Bouchard comme une démarche critique à l’égard des instruments de représentation qualifiés d’objectifs. Plus concrètement, son travail en peinture, à la limite de l’installation, lui permet d’interroger les erreurs de transcription et les écarts à partir de données essentiellement géographiques ou provenant de captations numériques d’objets en dégradation. Si son langage formel semble au premier abord neutre et silencieux, un examen attentif révèle au contraire une matérialité surchargée, comme pour affirmer un trop-plein d'informations. L’artiste s’intéresse ainsi aux traces provoquées par des gestes répétitifs : coups de lames, coups de pinceau, piqûres, et plus récemment fumés et troués. Ces traces évoquent une certaine dégradation qui prend paradoxalement des proportions de paysages topographiques. Depuis les deux dernières années, il mène des enquêtes sur les outils technologiques de la science géomatique. Il s’intéresse aux erreurs planimétriques de relevés de terrain et aux qualités des données (métadonnées) : il a développé des méthodes qui consistent le plus souvent à retranscrire dans diverses matières des géodonnées interrogeant les limites du corps, de la machine et des matériaux choisis.
Sclessin (vue partielle de l’installation), 2018, lin perforé, peinture acrylique et fumée, 173 cm x 162 cm.
Détail de Sclessin, 2018, lin perforé, peinture acrylique et brûlure.
