Depuis plus de dix ans, Yannick Jacquet mène un projet plastique exploratoire sur les moyens d’inverser l’altération de nos échanges avec le monde. Un travail de création visuelle élaboré à partir d’éléments structurels aussi différents que l’architecture du Centre Pompidou-Metz ou une pièce pour quatuor à cordes de Maurice Ravel... Si le stratagème varie, du spectaculaire à l’intime, l’entreprise s’enracine dans la notion de résilience. Un travail hanté par le discours sur la fin des temps. L’artiste n’en fait pas mystère. Il invoque des résonances avec le travail sur la mutation du vivant de la plasticienne belge Berlinde de Bruyckere, les visions stellaires du Japonais Ryoichi Kurokawa ou le rire grinçant de son compatriote suisse Jean Tinguely et ses machines autodestructrices réalisées dans les années 60. L’installation Mécaniques Discursives imaginée en 2013 avec le plasticien et graveur Fred Penelle tient lieu de manifeste. Un pas dans le noir. Sonars, alarmes, fréquences radios résonnent dans la lueur mouvante d’impulsions vectorielles et de silhouettes découpées issues de l’univers de la pop culture. Mais l’expérience déjoue l’attente. Les signaux électroniques ne mènent nulle part. Les sons et les figures ne renvoient qu’à eux-mêmes. Echec de transmission du message. Yannick Jacquet élabore en creux une méthode kinesthésique du déconditionnement par immersion. En 2016, il crée l’œuvre générative Flow installée sur un bâtiment flottant, au pied du pont Alexandre III à Paris. La double recherche sur la couleur et les notions de temps et de cycles naturels l’amène à dégager un nouveau paradigme. Celui de la lenteur. Comme une des voies possibles pour une indispensable restauration du sensible.
Remote Memories, installation et performance audiovisuelle 2018, projection sur dispositif d’écran
Elytre, installation permanente, Pont Alexandre III, Paris 2017, dispositif LED, logiciel génératif dédié
