Arts visuels

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François Marcadon

° 1981 - Nantes (F)

marcadonfrancois(at)gmail.com

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L’univers déployé par François Marcadon relève avant tout du faux-semblant. D’ apparence élégante, d’intention esthétisante, chacune de ses œuvres mêle l’amer au doux-sucré, en découvrant sous sa surface édulcorée un fond fantasmagorique plus inquiétant. Ces images fantasmatiques (tour à tour rêve, cauchemar ou allégorie) installent l’espace de la mythologie personnelle de l’artiste, qui offre en partage une vision tant onirique que cruelle, à l’instar de son propre rire, omniprésent, dont on ne sait s’il est signe de réjouissance ou de sarcasme. Le corps pour fil conducteur, François Marcadon en travaille la vanité et la labilité, comme pour rappeler dans un même mouvement son extraordinaire plasticité – son potentiel métamorphique – et son inconditionnelle finitude – sa mortalité. Multipliant les formats, et tirant avantage de l’aspect dissolvant de la peinture (aquarelle, acrylique, encre), il explore graphiquement la polymorphie du corporel, dont la consistance diluée permet d’informer tous les fantasmes. 

La couleur de la chair, réhaussée d’un rose jovial et quasi enfantin, ne doit pas tromper : elle opère dans sa crudité à la mise à nu d’une incarnation dont l’humanité est bénéficiaire, mais aussi victime. La vie, rêvée ou vécue, organique et fantasmée, se saisit alors dans la figure du pharmakhon grec, tout à la fois remède et poison. Ainsi, quand elle est ramenée à une silhouette noire et indifférenciée, simplement tapie dans une ombre qui tient lieu de surface, elle se fait symboliquement le cerbère d’un char mortuaire, annonçant sa propre fin. Corps fou, corps bête, corps angoissé, François Marcadon décline les figures d’un mécanisme de projections inconscientes qui en appelle au fond immaîtrisable du désir humain. A l’image du figural lyotardien, il révèle en surface ces affects qui émergent en informant les corps.

La série d’autoportraits du dessinateur est animée de cette même angoissante gaieté. Il y signifie une présence qui, se voulant par ailleurs discrète (les dessins n’ont pas de titre pour ne pas en influencer la lecture), ne s’affirme pas avec moins de cynisme. Chez François Marcadon, l’irruption du corps se fige toujours entre menace et promesse, comme un potentiel libidinal explosif, à la peau dorée.

Florian Gaité 

 

- Sans titre (femme couchée), encre et aquarelle sur papier, 21 x 29,7 cm, 2017

- Sans titre (bébé), encre et aquarelle sur papier, 2m x 1m50, 2017