Arts visuels

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Francis Schmetz

°1957 - Eupen

« Tout a été fait, sauf par toi »
Cette maxime, écrite au début d’un carnet d’esquisses et de notes, nous fait bien comprendre le travail de Francis Schmetz.
Oui, tout a été fait en art, soi-disant, mais cela doit-il être un problème pour l’artiste d’aujourd’hui ? Francis Schmetz travaille avec une ardeur et une persévérance exemplaires, il empile dessin sur dessin, photocopies de textes sur textes personnels. Eh oui, il y a des styles, des compositions que l’on reconnaît : souvent Beuys, parfois Rothko, Palermo, des réminiscences de Dada… mais entre ces pages « déjà faites », pour ainsi dire, se profilent des dessins, des textes, qui sont purement et fortement Francis Schmetz.
Il passe du noir le plus noir au rouge le plus fougueux, puis au bleu le plus profond en intercalant des dessins parfois fluides, parfois faits de lignes précises.
Tout est d’une intensité vitale, quoique, de temps en temps, l’ennui le guette : « Langeweile Zeit Todschlagen, Lebensmüde ». L’extase côtoie le désespoir.
La forme est toujours directe, comme jetée sur le papier. Parfois ce sont des lignes claires, parfois des gribouillis sauvages, ce qui n’est pas nécessairement une contradiction ; d’une part il y a le besoin urgent de réagir, de s’exprimer sans contrainte, d’autre part des moments de sérénité qui permettent de tracer des lignes pures ou des géométries toutes simples.
Aussi dans ses performances, il y a sa diction très précise, légèrement influencée par l’allemand des cantons rédimés : il sculpte les mots. Puis les phrases se développent et, entraînée par ses émotions, sa voix peut faire vibrer l’espace de rythmes puissants.  
Anny De Decker / directrice de la galerie Wide White Space / Anvers  de 1966 à 1976

Trapèze, acrylique sur bois, 21 x 22 cm.

Dessin, gouache sur papier, 26 x 18 cm.