Le travail de Thomas Depas représente « l’image » comme le produit d’un processus interne et matériel. C’est précisément en nous confrontant avec un objet artificiel qui contient les traces de comment et avec quoi il a été produit, que nous pouvons percevoir l’appel de Depas pour l’authentique et le refus de hiérarchisation du produit final au-dessus de son processus, comme romantique et politique à la fois.
Formé à l’image pixel, modulable et reconfigurable à l’infini, il produit un langage par médiation, entre autres, de l’outil, de la machine et de l’information. Son travail le plus récent s’articule autour de films, de gravures et d’installations dans lesquelles un spectateur a la possibilité d’entrer dans en dialogue avec le dispositif et de coproduire ses propres images.
Depas a grandi en Belgique, le berceau de la révolution industrielle sur le continent Européen et plus précisément dans une partie rurale de la Province de Liège, la Hesbaye, une région agricole composée d'horizons découverts, sans forêts ni cours d'eau. Une architecture hétérogène, où nous devinons une hyper-technicisation aux prises avec une forme d'archaïsme. Nous pouvons seulement imaginer que le tête-à-tête continuel de cet artiste avec “la machine”, son intérêt dans les strates de matérialité enterrées qu’elle peut révéler et la valorisation des étapes de production a germé dans cet environnent.
Hasbannium est une fiction expérimentale qui a pour point de départ la Hesbaye. A travers ses paysages se dessine un film choral, une évocation impressionniste où l'absence à soi et au monde esquisse des motifs granuleux. Scope 16mm sur vidéo, couleur, sonore, 14', 2018
From_here_to_eternity_/10.15.58 : Visage généré par intelligence artificielle (STYLEGAN), Marbre noir emperador, découpe laser. 40 X 32,5 CM
