Arts visuels

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Marion Fabien

° 1984 - Tours (France)

marionfabien(at)outlook.fr

www.marionfabien.com

www.hevoisin.blogspot.com

 

 

Le travail de Marion Fabien est basé, principalement sur des interventions urbaines qui génèrent la rencontre avec les habitants. Spectaculaires ou banals, ces interventions urbaines peuvent prendre plusieurs formes : objets, collages, matériaux, sculptures, dessins, céramique.. Il s’agit plus d’un prétexte pour générer la rencontre, le dialogue, et les questionnements des passants, habitants ou usagers. Comme le souligne Virginie Devillers, il s’agit pour Marion d’« envisager l’œuvre d’art comme un interstice social producteur de lien plus que de chefs-d’œuvre. L’artiste se place dans la posture d’apprenant. Qu’est ce que toi tu peux me dire de ta vie ? De ton quartier ? De ton cadre de vie ? De tes savoirs et savoir-faire ?

Dans Art contemporain et lien social, Claire Moulène confirme : » L'artiste est celui qui emboîte le pas à la société, celui qui l’accompagne, la dissèque, la décrypte et offre au passage des alternatives, souvent critiques, qui permettent de penser autrement le réel. Comme le souligne Bernard Marcelis, Marion nous parle dans son travail du territoire au sens large. Il s'agit d'une prise en compte de la réalité du territoire dans sa matérialité et sa temporalité. Il s'agit pour l'artiste de réfléchir aux interactions et aux relations qu'entretiennent les usagers, habitants avec leur environnement proche, l'architecture et l'aménagement de l'espace public..

Comment le territoire est-il donné à voir? Comment se regarde un territoire? Les réponses sont multiples autant qu'invisibles et c'est là qu'intervient Marion Fabien. Il s'agit pour elle de rendre perceptible l'invisible ou le non vu, d'aller au-delà des contraintes du réel, de pointer les failles dans la perception du banal, de dépasser l'inertie pesante du quotidien. Comment nous parle Marion Fabien à travers ses interventions? Avec deux notions essentielles, celles du cadrage et celle de la ponctuation qui lui permettent d'appréhender le terrain qu'elle décrypte. Après une phase d'observations, de relevés et de glanages Marion intervient dans l'espace public. Des allers retours permanents entre le carnet, la matière, l'atelier ou la rue s'opèrent. Déplacer une forme, marquer un passage, détourner un usage. Il s’agit de mettre en place un protocole pour investir une place de parking, un magasin ou une ruelle, un champ ou tout un village pour quelques jours ou quelques mois.

S'approprier les éléments constitutifs d'un territoire pour les transformer en signes révélateurs d'un potentiel et d'une charge poétique ignorés. Ainsi Les objets suspendus se transforment en tapis volants, les bancs en abris colorés, les tâches d'huile sur le sol en mirages et les panneaux publicitaires en miroirs, les escaliers déroulent le tapis rouge et une ligne de peinture bleue devient rivière. Intervenir sur le réel, le transformer par petites touches en espace mental comme étape obligée pour mieux en saisir les énergies inexploitées tient d'une gageure à laquelle Marion Fabien a tenu à se confronter en s'y investissant totalement.  Pour elle l'enjeu est clair. Il s'agit d'une "tentative de créer des images à partir d'une géographie politique, sociale, humaine, économique et mentale" et d'en faire émerger de nouveaux récits. Son travail oscille entre fonction et présentation, réel et utopie, spectaculaire et banal.

Marion Fabien a pour vocation de prendre en compte la dimension sociale de cet espace, de créer ce qu'on appelle communément du "lien social", sans jamais faire abstraction de la dimension sculpturale et visuelle de son travail.  Elle mets en place des projets collectifs, collaboratifs et participatifs pour penser et faire à plusieurs dans le cadre d'ateliers et dans la conception de projet de “démocratie culturelle”. Le fait d’intégrer une pratique artistique entre l’atelier et la rue pose la question du public, de l’œuvre et de sa visibilité, du statut de l’art et de l’artiste. La dimension éphémères de ses interventions posent la question de l'archive. Sous forme d'édition ( dessin, photo, texte ), un travail de mémoire se met en place et permet d'archiver et de garder des traces du processus des interventions disparues et des rencontres.

 

Mirage, résine, interventions urbaines, résidence dans le quartier Bien Assis, Montlucon, France, 2012

En dessous, mobilier urbain, bâche plastique, interventions urbaines, résidence dans le quartier Bien Assis, Montlucon, France, 2012